Il est 6h19 ce vendredi 27 décembre 1974 quand un bruit sourd retentit au fond d’une galerie de la fosse 3 dite Saint-Amé du Siège 19 des mines de Lens à Liévin. 90 mineurs viennent de prendre leur poste, après quelques jours de trêve de Noël. 42 d’entre eux ne reverront jamais le jour.
Très vite, la première caméra de télévision est sur les lieux. Les reporters pressent les premiers à remonter du fond. « C’est un coup de poussière« , bredouillent-ils, hébétés. « On était à côté, on a entendu un bruit… J’ai participé aux secours« , raconte un survivant. « C’est encore dangereux », poursuit-il.
Les mineurs employés sur les tailles voisines sont bien vite mobilisés pour les secours, mais leur aide demeure limitée. Ils n’en sont pas moins assaillis par les épouses et les proches des mineurs absents : on donne un nom, on demande des détails, on espère encore que le père, le mari, le fils en a réchappé. Il leur faut aussi sacrifier aux exigences de la télévision qui réclame leur témoignage, même s’ils n’ont pas grand-chose de précis à dire.
Vient ensuite le temps des explications techniques : l’ingénieur, pressé par la forêt de micros, confirme qu’il s’agit d’un coup de poussière et que le bilan (42 morts) est bien lourd. Il s’agit, dit-il, d’un « accident » ou plutôt d’une « catastrophe ». Déjà à Liévin à la fosse 3 il y avait eu 9 morts en 1945, puis 10 dans un coup de grisou en 1957, et encore 21 à la fosse 7 en 1965. Mais là, il s’agit bien de la plus importante depuis « Courrières ».
Les houillères condamnées pour la première fois
Le 23 janvier 1981, le Tribunal de Béthune rend son jugement, sept ans après la catastrophe qui a coûté la vie à 42 mineurs de la fosse 3-3 bis de Liévin. Il prononce la « faute inexcusable de l’employeur ». La Société des Houillères du Nord et du Pas-de-Calais est déclarée civilement responsable du drame. C’est une première. Cependant, la société fera appel, et le jugement définitif, survenu en 1984, n’établira finalement pas « la faute inexcusable des Houillères », au grand dam des familles des victimes.
Le seul à payer restera l’ingénieur responsable de la fosse de Liévin, condamné à 10 000 francs d’amende pour « négligence en hommes et en matériel pour détecter la présence de grisou dans ce puits. »
« Pour la première fois en France, une catastrophe minière n’est pas due à la fatalité« , commente en tout cas le journaliste en préambule de ce reportage, diffusé le jour du premier jugement en janvier 1981.
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